Le S.T.O. (loi du 16 février 1943)

Bien que Vichy ait pris l'engagement de faire rechercher avant le 25 janvier 1943 37.000 réfractaires de la métallurgie, Saückel adresse une circulaire : "On peut en France faire pression et employer des mesures plus sévères dans le but de se procurer de la main d'oeuvre". Le 10 janvier, à Paris, il réclame avant le 15 mars l'envoi de 250.000 ouvriers dont 150.000 spécialisés. Une circulaire du 2 février exige des préfets un recensement général des Français nés entre le 1er janvier 1912 et le 31 décembre 1921

Le 15 février, le Conseil des Ministres décida :

"En application de la loin du 4 septembre 1942, de créer un Service du Travail Obligatoire... pour mettre un terme à l'inégalité choquante qui faisait peser seulement sur les ouvriers des charges qui doivent être équitablement réparties sur tous les Français, quelle que soit leur catégorie sociale... ce texte législatif rend le Service du Travail Obligatoire aux champs, à l'usine, à l'atelier pour tous les jeunes gens nés entre le 1er janvier 1920 et le 31 décembre 1922".

 


"C'est une déportation", déclare la Résistance naissante.

L'Histoire retiendra également, autre point important, que la résistance intérieure manquait de moyens en ce début 1943 pour accueillir en masse les ressortissants de cet acte dit loi.

C'est seulement en Juillet 1943 que le Conseil national de la Résistance fondera le C.A.D. (Comité d'Action contre la Déportation pour le travail forcé en Allemagne) dont la direction fut notamment confiée à MM. Charles Laurent et Yves Farge. Nous insistons sur cette appellation ; pour l'organisme officiel de la Résistance, notre épreuve était bien "une Déportation pour le Travail forcé".

 


La note sentimentale de l'égalité sonne faux. Elle n'est que la couverture d'une nouvelle capitulation devant l'occupant ; une capitulation qui trahit la jeunesse de France en la vouant à la Déportation du Travail.Le 16 février, la loi est publiée. Elle précise à l'encontre de ceux qui l'enfreindrait les peines d'emprisonnement de trois mois à cinq ans et les amendes de 200 à 100.000 F. Ces peines sont applicables aux personnes ayant contribué à faire échec à la réquisition... Détail d'importance trop souvent minimisé car il explique les difficultés rencontrées (emploi, hébergement) par les jeunes pour éviter de partir.

La loi n° 342 du 11 juin 1943 sanctionne les obligations relatives au Service du Travail Obligatoire (Internement administratif, amende)

Art. 2 - Sans préjudice de l'internement administratif, le préfet peut prononcer une amende administratif de 10.000 à 100.000 francs contre quiconque, y compris les membres de la famille de l'intéressé, aura sciemment hébergé, aidé ou assisté, par moyen que ce soit, une personne qui s'est soustraite aux obligations résultant des lois des 4 septembre 1942 et 16 février 1943 relatives au service du travail obligatoire. Sera passible des mêmes sanctions celui qui aura provoqué, par quelque moyen que ce soit, toute personne soumise aux lois susvisées à se soustraire à ses obligations.

Fait à Vichy, le 11 juin 1943.
Pierre LAVAL.

Le 14 Juillet 1943 Charles de Gaulle dans son discours depuis Alger déclare :

Sous l'action combinée de l'ennemi et des traités, c'est par dizaines de milliers que se comptes les braves, morts pour la France aux poteaux d'exécution, c'est par centaines et centaines de mille que sont pris et déportés nos ouvriers, nos paysans, nos bourgeois, ...