La Déportation du Travail

L'acte dit loi du 4 septembre 1942

L'appel aux volontaires a été un fiasco; d'autre part, Speer a été chargé de la mobilisation des travailleurs allemands, ce qui, pour lui, implique leur remplacement par des travailleurs étrangers.

Le 22 août 1942, Saückel prend une ordonnance précisant les conditions d'emploi des travailleurs dans les pays occupés. En France, il en résulte la loi du 4 septembre, publiée au J.O du 13 qui décide que :

"Toute personne du sexe masculin de plus de 18 ans et de moins de 50 et toute personne du sexe féminin de plus de 21 ans et de moins de 35 peuvent être assujetties à effectuer tous travaux que le gouvernement jugera utile dans l'intérêt de la Nation." C'est la réquisition pure et simple, la première phase de la mise en place du Travail Obligatoire.

Elle est complétée par un décret du 19 et une circulaire d'application du 22 septembre faisant obligation à ces mêmes personnes n'ayant pas une activité d'au moins trente heures hebdomadaires d'en faire déclaration à la mairie... Ne perdons jamais de vue que, Vichy s'étant prêté à créer le chômage artificiel, le piège se referme. Peines de prison et amendes visent ceux qui enfreignent ces dispositions.

Les fichiers d'entreprise sont contrôlés, tout embauchage ou licenciement soumis à l'autorisation de l'Inspection du Travail.

Toutes ces dispositions avec l'appoint de l'administration ne donnent pas les résultats escomptés. A la réquisition, on ajoute les rafles aveugles à la sortie des usines, des cinémas, dans la rue. Ce n'est plus seulement une recherche de spécialiste mais une chasse à l'homme. La milice de Darnand s'y distingue et le gouvernement de Vichy fait rechercher les réfractaires.

Entre le 1er octobre et le 31 décembre 1942, la collaboration Saückel-Laval n'aura réussi qu'à déporter pour le travail forcé que 163.726 de nos compatriotes dont 50.152 spécialistes.

(Sources Ministère de la Production industrielle, DG du 18 février 1943)